
Hissez Haut les spis !
lundi 20 août 2007
Point à 10 heures
Plus que 230 milles avant l’arrivée et, ça y est, les 48 Figaristes ont passé la cinquième en toilant leur monture de la plus légère des voiles, le spi ! Cette étape de vitesse tient pour l’instant toutes ses promesses... du vent, des surfs et une attention de tous les instants pour régler cette belle voile d’avant parfois bien capricieuse !
Au pointage de ce matin, Frédéric sur Novotel Caen se situe dans le coeur de la meute en 31 ème position à quelques encablures des copains.

Dernière étape en vitesse !
dimanche 19 août 2007
Les 48 concurrents se sont envolés à 15 heures cette après-midi pour la dernière étape de cette Solitaire Afflelou Le Figaro. 355 milles qui, semble-t-il, vont être rapidement avalés ! Les pronostics allaient bon train à quelques heures du départ quant au déroulé de cette étape... Tout droit, au portant, rapidité, vitesse... mais chacun émettait tout de même une certaine réserve... quand tout semble trop facile, il faut d’autant plus s’en méfier !
Les trois jours d’escale à La Corogne auront permis à Novotel Caen et à son skipper de se refaire une petite santé. La machine a beaucoup souffert ces derniers jours et le skipper commence à être fatigué mais passé les premières heures, le marathon pour tout remettre en place commençait déjà. Et il y avait de quoi faire pour que Novotel Caen retrouve une santé de fer pour ce sprint final. Une fois de plus, les concurrents vont devoir faire face à des conditions météorologiques dignes d’un bel hiver : vents soutenus Ouest / Nord Ouest, mer formée, des rafales pouvant atteindre les 40 Noeuds.... Qui a dit que le Golfe de Gascogne en été se tenait tranquille ?
« J’espère que le bateau n’a pas trop souffert lors de la troisième étape et que le matériel va tenir jusqu’au bout. Toute la structure du bateau a été mise à rude épreuve et je pense que, arrivés aux Sables d’Olonne, nous aurons un gros chantier à faire dessus ! Mais en attendant, il faut faire une belle dernière étape, essayer de rattraper ceux qui sont encore accessibles dans le classement, faire attention au bateau, bien naviguer et prendre son ciré car là encore on va se faire rincer ! À priori, on devrait arriver Mardi matin aux Sables d’Olonne... une chose est sûre, ça va aller vite ! »
Au pointage de 19 heures, Frédéric se trouvait à la 39ème position... un classement à prendre avec des pincettes car le gros de la flotte s’éloigne de la route directe pour aller chercher la bascule du vent au Nord... et le classement est calculé à partir de la distance directe entre le bateau et le point d’arrivée ! On y verra plus clair demain matin...
Crédit photo : La solitaire

Un baptême de feu !
vendredi 17 août 2007
Pour sa première participation à la Solitaire du Figaro, Frédéric sur Novotel Caen a eu droit à un repas des plus copieux... Une petite mise en bouche avec de la pétole, une entrée pleine de délicieuses sensations au portant accompagnée de choix tactiques via les effets de côtes et le courant et un plat de résistance qui aurait pu en terrasser plus d’un ! Et ce n’est pas fini ! Le dessert est pour Dimanche, retour à la maison mais avec quelles conditions ?
« Le Figaro, c’est comme une drogue ! » lâchait Frédéric ce matin après un tour du cadran dans les bras de Morphée on ne peut plus réparateur ! « On en discutait avec les autres en arrivant ici. C’est dingue, on ressent des sensations inédites, on va au bout de soi-même, au bout de ses capacités aussi bien mentales que physiques. Sur notre petite machine, on prend du plaisir, parfois aussi c’est vrai, c’est plutôt de la survie, mais au final on oublie le mauvais pour ne retenir que l’intensité du moment vécu. C’est sûr le Figaro, quand on y goûte une fois, on n’a qu’une envie, recommencer ! » C’est dit !
Les discussions restent donc animées autour de cette étape d’anthologie. On refait le match, on agite les mains, parfois le visage se crispe en relatant les 52 noeuds de vent, le fracas de la coque contre la mer transformée pour l’occasion en bloc de béton, puis les yeux deviennent plus sombres et l’amertume prend sa place quand Frédéric raconte son arrivée et son sommeil fatal (voir communiqué de presse dans la rubrique Revue de Presse). « J’ai perdu deux heures... C’est dommage mais à ce moment là, la fatigue était devenue maîtresse de moi-même et je ne pouvais résister davantage ».
Mais qu’à cela ne tienne, la course n’est pas terminée et déjà il faut s’affairer pour réparer l’électronique à bord de Novotel Caen afin de repartir bon pied bon oeil vers la dernière ligne droite ! La douceur de l’Espagne panse les plaies des Figaristes, la Solitaire se tourne vers la grande finale... tous les yeux seront rivés aux compteurs.... Rien n’est joué !

To sleep or not to sleep...
jeudi 16 août 2007
... Telle est la question en effet quand on voit la fatigue des coureurs à l’arrivée des étapes et les conditions musclées auxquelles ils se sont confrontés pendant plusieurs jours.
Dormir oui, mais quand ?
Désormais, la gestion du sommeil en mer fait partie du programme de préparation de certains navigateurs. Sur des courses comme le Vendée Globe ou les transatlantiques, il est nécessaire de connaître son rythme et ses séquences de sommeil afin de récupérer, un peu, mais en continu... 10 à 20 minutes peuvent être suffisantes pour une récupération optimale... Encore faut-il connaître son cycle et se régler en fonction de celui-ci. C’est pour cela que de nombreuses études ont été faîtes et que certains coureurs n’hésitent pas à aller étudier leur cas dans des services hospitaliers spécialisés.
Mais la Solitaire du Figaro est réputée pour ses cadences infernales et son rythme épisodique entre l’arrêt au stand et la course effrénée ! Du coup, pendant les épreuves, certains dorment peu, voir même pas du tout ! Frédéric nous le confirmait à l’arrivée à Brest, deux jours sans dormir tout en se donnant à fond ! Même discours sur l’étape qui vient de s’achever, faute de pilote, il a du tenir la barre le plus longtemps possible. Exténué, il s’est endormi peu avant l’arrivée... et a perdu de précieuses heures...
Car les conditions météorologiques ne permettent pas toujours aux Solitaires de piquer un petit somme dans la banette alors que le bateau continue d’avancer sous pilote. Sous des allures de portant par exemple, le spi doit constamment être réglé afin d’assurer au bateau toute sa puissance. Dans la molle, chaque risée est importante, il est donc tout aussi nécessaire de veiller au grain !
Mais accumuler trop de fatigue peut aussi avoir ses conséquences, parfois désagréables, voir dangereuses. Tous navigateurs a un jour fait les frais des effets pervers des hallucinations, des rêves éveillés, des paupières qui tombent tandis que les concurrents filent devant...
La gestion du sommeil est donc à bord un élément aussi important que celle de la nourriture... Le corps humain nous prouve, sur des épreuves comme celle-ci, son endurance et sa ténacité ! Naviguer, c’est aussi aller au bout de ses limites !

¡ A Coruña !
jeudi 16 août 2007
« C’est la guerre, c’est la guerre, j’ai passé le front, pour le moment ça avance pas trop mal mais c’est assez difficile de se reposer. J’ai un problème d’électronique et de pilote, du coup je dois passer beaucoup de temps à la barre, ça commence à être un peu long cette histoire. Je pense que je suis en train de faire une connerie au niveau stratégique, mais la navigation est plus facile en tribord pour sortir du bordel. En bâbord, j’ai un peu peur de casser le bateau. Cette nuit, c’est monté jusqu’à 50 nœuds. Là, je suis repassé sous un ris dans le solent et deux dans la grand-voile, les conditions sont plus maniables, on a 38/40 noeuds. C’est un peu extrême de prendre 50 noeuds en solo mais depuis hier, je suis attaché. »
Ecoutez la vacation : Cliquez ici
Ces quelques phrases captées par les membres du comité de course qui suivent la régate à bord d’un catamaran, relatent bien la difficulté de cette étape entre Brest et La Corogne. L’arrivée ce matin a donc été saluée par tous comme une libération, la fin d’un cauchemar...
Frédéric termine 33ème de cette étape qui restera dans son esprit comme la pire qu’il n’ait jamais connue. Six heures après le vainqueur Corentin Douguet, c’est donc affaibli, déçu mais surtout ivre de fatigue et à bout de force que Frédéric lâche son Novotel Caen aux mains de ses préparateurs Gaël et Emmanuel : pilote, speedo... et autres petits soucis techniques, il y a de quoi faire avant le départ de la quatrième et dernière étape vers les Sables d’Olonne Dimanche.
« J’ai accumulé pas mal de retard au classement. Ça va être difficile mais il va falloir remonter la pente, on va tout faire pour en tout cas. Là, je vais me coucher, ou plutôt m’écrouler car je ne tiens plus debout, cette étape m’a achevé. J’ai rencontré des conditions extrêmes, 50 noeuds de vent mais des creux de plus de huit mètres, des paquets d’eau tombaient sur le bateau, j’ai bien cru qu’on n’allait pas tenir le coup, qu’on allait se faire avaler par ces montagnes d’eau... Je n’ai jamais rencontré de telles conditions, je suis fatigué nerveusement et physiquement, ce soir, ça ira mieux ! »
Après ces quatre jours de mer, il y a fort à parier que les skippers ne mettront pas longtemps à s’endormir... La Corogne devra patienter avant de faire leur connaissance. Demain est un autre jour !