Point de vue d’un terrien
mardi 7 août 2007
L’univers des marins revêt parfois quelques mystères et interrogations pour nous les terriens. Et il est parfois difficile pour nous qui avons les deux pieds bien ancrés sur le sol, d’imaginer le quotidien de ces cinquante solitaires quand ils partent en mer.... Les réflexes, les habitudes, les repères... tout ne devient que contrastes entre ces deux mondes qui se regardent et qui tentent de se comprendre.
Comment par exemple avoir une idée de l’heure et la date à laquelle ils vont arriver ? Si l’on se réfère à l’étape qui est entrain de se jouer en ce moment, comment savoir quand les premiers bateaux vont pointer le bout de leur étrave dans la rade de Brest ?
En cela, nos deux mondes se rapprochent car, comme en voiture, il existe en mer une formule très simple pour estimer une heure d’arrivée (ETA) : un bateau avec une allure d’un Noeud parcourt un Mille nautique par heure. Par conséquent, les Figaros qui avancent en ce moment à une vitesse de 10 noeuds, arriveront au terme des 130 milles qu’il leur reste à parcourir dans treize heures, soit vers cinq heures du matin demain Mercredi ! Sur le papier, la chose paraît très simple mais on le sait, nos deux mondes sont différents. Dans un monde idéal, cela pourrait se vérifier mais ce serait sans compter les courants, le vent et autres algues ou filets qui se lovent sur la quille, tout cela modifiant la vitesse du bateau, et donc notre estimation !
Mais pourquoi rajouter un Noeud là où il y en a déjà tellement ?
On estimait autrefois la vitesse d’un navire en lançant une bouée depuis sa poupe. Cette bouée était amarrée à une corde comportant des nœuds régulièrement espacés qu’un marin comptait à haute voix au fur et à mesure qu’ils glissaient entre ses doigts. Le compte se faisait pendant le temps d’écoulement d’un sablier. Le nombre résultant, exprimé en nœuds, mesure donc une vitesse et non une longueur !
Pointage de 16h
mardi 7 août 2007
A moins de 130 milles de l’arrivée, Frédéric sur Novotel Caen occupe pour l’instant la 22ème place (soit deuxième bizuth derrière Vincent Biarnes) et avance à une vitesse avoisinant les 10 noeuds. Une option "route directe" qui semble réussir mais attention à l’oscillation du vent au Nord et aux redoutables aventuriers de l’Est qui pourraient prendre l’avantage...
Sous spi vers Ouessant
mardi 7 août 2007
Grains, pétole et pluie... Voilà l’étrange mélange auquel se sont confrontés les Figaristes depuis le départ de Crosshaven hier à midi. Dans ce contexte changeant, pas facile d’y trouver la voie bénite... Frédéric sur Novotel Caen se positionnait alors dans le coeur du classement... essayant de remonter cette flotte compacte où les 35 premiers s’étiraient sur deux petits milles uniquement...
Vers 23 heures hier soir, le passage du Fastnet, dernier salut à cette troublante Irlande, annonçait la route directe vers Ouessant. Trois options se sont immédiatement dessinées.... prendre la route directe ou partir à l’ouest et l’est de celle-ci... Sous spi avec 20 noeuds de vent, les Figaros glissent vers la France. Frédéric à dix heures ce matin pointait son étrave à la 24ème position... Au coude à coude avec le leader du classement bizuth Nicolas Lunven. Il semble avoir pris l’option directe... Affaire à suivre !
Clap de départ de la deuxième étape !
lundi 6 août 2007
Top départ ! C’est à 12h26 et après un rappel général que les 50 Figaristes se sont engagés aujourd’hui dans la deuxième étape de la Solitaire Afflelou. Après les côtes escarpées et verdoyantes de l’Irlande, place à la vaste rade de Brest et à son non moins célèbre goulet !
Une escale celtique qui aura donc permis à Frédéric de se reposer et de repasser en boucle le film de cette première étape au bon goût salé des belles histoires de mer !
« J’ai déjà pas mal navigué, mais franchement cette étape représente un des meilleurs moments que j’ai jamais vécu en mer. Rarement j’ai pris autant de plaisir. On a passé trois jours de mer à jouer en permanence, à essayer de reprendre des places, on se prend très vite au jeu et c’est génial, vraiment ! Côté niveau je me suis rassuré, même si bien sûr les cadors de la série ont 4 ou 5 ans d’avance. J’ai eu un grand moment quand à un pointage j’étais 4e, mais c’était trop court ! Cette super expérience est, j’espère, le début d’une longue histoire. J’ai repéré quelques trucs à force d’observer les autres, à tenter de comprendre. Je pense par exemple qu’il faut que je gère mieux mon sommeil, car la dernière nuit j’étais explosé. Mais encore une fois c’était un grand moment et le classement bizuths me parait assez révélateur, il y a une belle bagarre… »
Frédéric, apparemment dans son élément, ne tarie pas d’éloge sur cette nouvelle expérience ! L’euphorie a fait place au premier bilan dans ce premier quart du parcours « Je dois vraiment travailler le sommeil car ça m’a fait perdre pas mal de places sur cette étape, mais sinon je suis très content de la vitesse du bateau. Pour l’instant je n’ai pas eu trop de casse sur Novotel Caen, du coup on a le temps de bien le remettre en place avec toute l’équipe ici à Crosshaven... même si j’ai toujours peur de ne pas en faire assez ! »
Et c’est donc reparti pour un tour ! Après ces deux jours de repos, il est temps de reprendre sa monture et d’affronter de nouveau les caprices d’Eole ! « Ça va être une étape de pure vitesse ! Je pense qu’on va prendre pas mal de plaisir encore à surfer sous spi à toute vitesse jusqu’à Brest. Ça sera sûrement beaucoup moins tactique que ce que l’on vient de faire, mais beaucoup plus technique, et donc tout aussi fatiguant. Il va falloir faire marcher le bateau au maximum de ses capacités le plus longtemps possible tout en essayant de s’octroyer des périodes de repos, car à l’arrivée nous attend le goulet de Brest et ses courants contraires... Tout peut se jouer à ce moment et si on n’est pas vigilent, on peut vite se faire avoir ! »
En attendant le verdict breton 344 milles plus loin, la flotte s’éloigne lentement des côtes irlandaises au louvoyage, sur un parcours côtier au large de la baie de Crosshaven, avant d’enrouler la bouée Radio France et s’envoler vers Brest !
Crédit photo : La solitaire
Arrivée à Crosshaven
vendredi 3 août 2007
Frédéric sur "Novotel Caen" a franchi la ligne d’arrivée ce matin à 11h53’36’’ en 17ème position, soit 2ème bizuth derrière Nicolas Lunven !
Une étape longue de 415 milles avalée en moins de trois jours... difficile mais complète et qui s’est terminée par un sprint vertigineux avec une flotte au coude à coude vers la première escale irlandaise !
Manque de sommeil, nerfs mis à rude épreuve.... place maintenant au repos avant le départ de la prochaine étape Lundi vers Brest.
